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samedi 29 juillet 2017

Éthique sexuelle 6

Une fausse victoire des femmes en Tunisie



La Tunisie vient de se doter d’une loi dite intégrale sur les violences faites aux femmes et qui n’est qu’une fausse victoire du fait d'une vision ne se souciant que de valider des clefs de lecture occidentale d’une réalité où les violences essentielles sont négligées, comme l’inégalité successorale et l’homophobie. 

Cette nouvelle loi1, qui doit être promulguée à l’expiration du délai de recours, fait grincer des dents nombre de véritables humanistes; aussi, certaines voix appellent-elles déjà le président de la République à ne pas la promulguer. Il est ainsi invité à user de son droit prévu par l’article 81 de la Constitution, l'autorisant à renvoyer à l’Assemblée la loi adoptée pour une seconde lecture.
Ce renvoi devant être motivé, ci-après quelques éléments d'intérêt prouvant que la loi n'est pas bonne en l'état, mais qu'une modification, même légère, permettrait, à la faveur de la conjoncture actuelle en Tunisie, d'y réaliser au moins une réelle énorme avancée.
Une loi vidée de sens avec le temps 
Le présent texte est l'héritier d'un processus commencé il y a trois ans, sa première mouture ayant vu le jour sous le gouvernement dit de compétences, en 2014, après la grave crise institutionnelle vécue par la Tunisie.
Un premier projet ambitieux a été  établi en concertation avec les associations et les militants en matière de violences faites aux femmes. Il se voulait complet et surtout juste, toilettant la législation nationale de ses nombreuses obsolescences après l’entrée en vigueur de la Constitution.
Toutefois, présenté durant l’été de cette année-là, il a été vite enterré, non par le parlement auquel il n'a même pas été présenté, mais par le gouvernement lui-même soumis aux islamistes. Une première occasion ratée de rénover le droit tunisien où les lois scélérates ne manquent pas.
L’actuel projet n'est que la version fantomatique du texte précédent, étant nettement en recul sur les droits et libertés, se gardant notamment de ne pas remettre en cause ce qu’on considère désormais comme un tabou, le Code du statut personnel, pourtant obsolète en nombre de ses dispositions.
Au vrai, ce Code est devenu le cache-misère des violences faites aux femmes dont, tout autant traditionalistes que modernistes, font usage, l'excipant comme gage de fausse modernité. Or, cela ne trompe plus personne sauf ceux qui pratiquent l’esbroufe politicienne au nom d’un consensus politique devenu castrateur des droits et des libertés de la société tunisienne au profit de minorités au pouvoir et de certains lobbies étrangers complices. 
Prototype d’une vision occidentale
Comme l’a soutenu Madame Nadia Chaabane2, ancienne constituante et l'une des défenseurs du texte, cette loi est « un petit bricolage à la marge plutôt qu'une réforme réelle qui corrige une discrimination ». Malgré cela, elle salue, comme bien d’autres, cette loi la qualifiant d'avancée, l’estimant « un bon début dans la consécration de l’article 46 de la constitution ». Rappelons que ledit article dispose en son dernier alinéa que « L’État prend les mesures nécessaires en vue d’éliminer la violence contre la femme »
Or, la première violence faite aux femmes est bel et bien l’inégalité successorale.3 Pourtant, ce texte l'ignore de peur de blocage; ce qui n'est nullement sûr, la preuve ayant été apportée que l'égalité peut être réalisée en Tunisie.4 Sinon, qu'on le dise : on ne réalisera jamais une telle réforme en Tunisie; car si cela ne se fait pas aujourd'hui, cela ne se fera jamais.5
Il y a mieux ! La loi ignore une autre violence non moins importante qu'est le test de virginité qu’autorise l’article 230 du Code pénal, base légale de l’homophobie. Si donc on peut comprendre que les votants de cette loi aient eu le souci de ne pas buter contre ce qu’ils considèrent être le tabou des tabous de l’égalité successorale (bien à tort, comme on l’a démontré), ils auraient pu faire un pas de géant dans le sens de sa réalisation future en abolissant l’homophobie et le test de virginité, ainsi que le test anal, d'autres faux tabous. Pour cela, Car il aurait suffi d’ajouter l’article 230 à l’énumération de l’article 15 de la loi de ce qui est aboli dans le Code pénal, qui s’arrête, bien curieusement — ou honteusement — juste à l’article 229.6
Au vrai, on a moins cédé ici aux islamistes qui auraient fini par admettre une telle inéluctabilité, comme on le rappellera ci-après, qu’à une vision occidentale par trop obnubilée par le souci de valider des clefs d’une stratégie d’alignement sur une lecture figée des réalités qu’on veut coûte que coûte imposer, moyennant des prototypes de lois ne se souciant que des détails au prétexte de réalisme. Or, c'est une vision fausse, partant du jugement péremptoire d'une mentalité irrémédiablement arriérée.
Notons ici que la loi adoptée n’est en rien différente de ce qu’on réclame du Maroc et d’autres pays du Sud, surtout arabes et musulmans, tous supposés incapables de mieux faire que ce que leur propose cet Occident où nombre d’ONG semblent désormais pratiquer un business des valeurs et non une militance pour un véritable État de droit.
Et c’est flagrant en Tunisie où de réelles avancées majeures et sérieuses sont possibles si l’Occident et ceux qu'il soutient en Tunisie cessent leur politique de connivence avec les plus intransigeants des intégristes.7 Car les islamistes tunisiens sont plus que jamais pour, non seulement abolir l’homophobie, mais aussi dépénaliser le cannabis et légaliser l’alcool. C’est dire qu’une radicalité axiologique est de nature à permettre que la Tunisie accède véritablement au statut d’État de droit et confirmer, pour de bon, être une exception. Le veut-on vraiment ?8              
Assurément non, puisque cette loi, supposée être intégrale en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, ignore les plus sérieuses revendications des associations féministes comme l’ATFD ou l’AFTUR pour se suffire de cette miette de l’abolition de l’article 227 bis autorisant le mariage du majeur ayant des rapports avec une mineure consentante.9  Car on a ignoré le ressort véritable de ce texte dans une société où le sexe est interdit hors mariage, même pour les majeurs.10
Abolir juste cet article sans reconnaître d’abord le droit au sexe — ce dernier étant hors-la-loi,11 c’est loin de réaliser une rupture avec une violence; c’est même faire double violence aux mineures matures12 en contrariant parfois leur désir de sexe est donc de mariage avec celui qui n’est violeur que du fait de leur minorité, et non de l’absence de consentement, inexistant en cas de minorité civile et même pas sexuelle.    
Une conjoncture favorable à l’avancée des droits
La nouvelle loi réalise ainsi une fausse rupture avec la réalité sociologique du pays.  Bien au contraire, elle consolide la situation présente indirectement, maintenant le pays dans son arriération. Serait-ce ce que que veulent les ONG, s'adonnant alors à de telles causes comme on ferait du business de la charité ? Car cela ne fait que conforter l'autisme occidental13 quant aux réalités en Tunisie plus que jamais mûre pour enchanter le monde.
Cette loi est d’autant plus un mauvais début que c’est bien aujourd’hui qu’il faut changer les choses en Tunisie et que cela est parfaitement possible. Et les religieux y sont bien prêts,14 à l'exception de leurs zélotes minoritaires qui trouvent cependant des complices chez les plus dogmatiques des  féministes, plus soucieux de l’article 227 bis que du 230 ou de l’inégalité successorale.
En effet, et on l’avait déjà vu avec le chef du parti islamiste15 et, récemment, avec son plus proche conseiller16, le parti islamiste, le plus nombreux et le plus discipliné au parlement, n’aurait pas été contre l’abolition de l’homophobie qui aurait alors constitué un bon début effectivement pour sauver la Tunisie de l’horreur de ses lois scélérates continuant à brimer la société bien que devenues nulles de nullité absolue du fait des droits et acquis nouveaux de la Constitution.   
C’est donc en renvoyant la loi pour une nouvelle délibération où l’article 230, pour le moins, sera intégré17 au texte actuel, que la loi deviendra effectivement une avancée pour les femmes et un message fort non seulement pour la société, mais pour le monde entier. Et cela encouragera les intégristes en Tunisie à aller encore plus de l’avant, facilitant le dépassement du reste des faux tabous, comme l’inégalité successorale. À noter qu'un projet d’amendement a même été proposé, mais en vain, aux parlementaires; il suffirait de le reprendre dans la nouvelle délibération à demander par le président de la République.18
On le voit bien, ce sont moins les intégristes religieux qui bloquent les avancées réelles en Tunisie que ce que je qualifie de salafistes profanes, ces dogmatiques qui n’osent agir à bon escient par esprit de réalisme castrateur.
Si l’on ne revoit pas cette loi avec l’abolition de l’homophobie, on ne fera qu’aider à banaliser la violence contre laquelle elle prétend s'élever, car accepter l’homophobie (outre l’inégalité successorale) revient à banaliser cette violence  par une conception religieusement consacrée. Or, il n’y a pas de plus terrible banalisation!
Notre société est plus que jamais en avance sur ses élites, étant libertaire dans l’âme; aussi, pour consolider cette spécificité qu’on veut écorner par de faux-semblants ne se souciant que des discriminations économiques, il importe de donner la priorité au ressort psychologique.
Et il est constitué aujourd'hui en islam, mais aussi dans le monde, par l'homophobie, ce rejet d'autrui. Quel plus bel hymne à l'altruisme et au vivre ensemble que de voir la Tunisie abolir l'homophobie sans plus tarder !
 




















Publié sur Contrepoints