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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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jeudi 30 novembre 2017

Islamique radicalité 1

Ce qu'on ne dit pas sur le Mouled


Vendredi est férié, c'est le Mouled. Mais que sait-on vraiment de cette fête religieuse?

D'aucuns vous diront que c'est la fête de la naissance du prophète de l'islam, ce qui n'est vrai qu'à moitié. D'autres diront que c'est la fête tout simplement, l'occasion de se régaler de la fameuse assida; ce qui n'est faux qu'à moitié.

Où est la vérité entière en la matière sur ce jour du 12 rabii premier de chaque année de l'hégire ?

Le Mouled correspond à la date de la mort du prophète

Effectivement, comme on ne sait pas la date exacte de la naissance du prophète, les musulmans qui ont toujours aimé innover, ont décidé de se baser sur la date de sa mort parfaitement connue pour en faire la date de sa fête, quitte à parler de fête de sa naissance.

Ce qui n'est ni saugrenu ni illogique, étant donné que la mort n'est pas une fin en soi en islam, étant une naissance à la vraie vie puisque l'âme ne meurt jamais, elle qui meurt déjà chaque nuit de sa petite mort qu'est le sommeil.

Aussi, la grande mort n'est que le rappel par Dieu de l'âme auprès de lui, si elle est bienheureuse évidemment. Elle peut d'ailleurs n'être pas parfaitement pieuse dans sa vie et ne pas moins avoir le privilège d'être dans la grâce divine si elle est l'âme d'un martyr.

C'est donc bien en esprit vivant que le mort, supposé disparu et qui ne serait qu'invisible aux yeux des vivants, jouit de la proximité de son créateur, la moindre des récompenses pour un parfait pieux, le juste de comportement sur terre, ou pour un martyr.       

Le Mouled n'est pas une fête de l'islam

Contrairement aux fêtes des aïds, correspondant à la fin du ramadan ou en relation avec le pèlerinage à La Mecque, le Mouled n'a rien de musulman au sens que c'est une manifestation profane, nullement prévue par les textes religieux ni connue et à plus forte raison fêtée par les premiers musulmans.

Au vrai, aucun des Compagnons du prophète n’a songé un instant célébrer sa naissance. Ce qui atteste symboliquement ce désintérêt chez eux, c’est le fait qu’ils n’aient même pas retenu la date exacte de sa naissance ni cherché à en être particulièrement sûrs, les avis étant divers à ce sujet et l’étant restés.

De fait, les musulmans ont eu tendance à imiter les chrétiens qui célèbrent la naissance du Christ. Or, en islam, un tel culte de la personnalité n'est pas admissible, le prophète n'ayant de particulier par rapport aux autres fidèles de l'islam que le fait d'avoir eu la grâce divine d'être porteur du message d'Allah au vu de ses autres qualités humaines qui demeurent à la portée de tous.

En l’occurrence, c’est bien la tradition chrétienne qui a été copiée par les musulmans. Nul n’ignore, en effet, que la naissance de Jésus est une fête centrale du christianisme où le christ est quasiment divinisé. Or, et on l'a dit, le prophète de l'islam reste un être humain, élu certes par sa qualité prophétique et les valeurs morales qu’il est venu finaliser, mais demeurant un homme, n’étant élevé que parmi les hommes.

Le Mouled, à l'origine, est une fête politique

Le Mouled n'a pas été fêté aux premiers temps de l'islam. C’est bien tardivement que la fête a été instaurée, et il a bien fallu du temps pour qu’elle devienne l’habitude consacrée pratiquement partout qu’elle est devenue aujourd’hui.

Elle a même eu un caractère essentiellement politique au départ, puisqu'elle a été instaurée par la tendance chiite de l'islam que la majorité sunnite estime être une hérésie. En effet, c’est au quatrième siècle de l’hégire, en l’an 362, que le chiite Moez le Fatimide l’instaure en une fête officielle en Égypte érigée en califat dissident du califat de Bagdad.

Outre d'être le fait d'une tendance minoritaire en islam, hérétique même et d'un pouvoir ouvertement dissident, le Mouled apparut longtemps comme une particularité hérétique (on célébrait aussi Ali et sa famille) et provinciale. Aussi, le calife abbasside, une fois qu'il aura éliminé le califat félon du Caire, a fini par l'interdire un peu plus d'un siècle plus tard, en 490.

Réinstaurée une première fois, toujours pour des raisons d'opportunité politique, puis suspendue, pour les mêmes raisons, cette tradition finit  par renaître et subsister en fête populaire pour contrer l'usage qui en est fait par les autorités politiques, notamment chiites.

C'est le côté festif, officiel et surtout populaire qui a assuré la pérennité d'une fête restée communément considérée comme une tradition fondamentalement non conforme aux enseignements islamiques. C’est d’ailleurs dans ce sens que sont allés certains fuqahas, non seulement salafistes, mais aussi sunnites modérés, comme l’imam Abou Ishaq Chatibi, théoricien de la fameuse théorie des Visées.

Le Mouled est aujourd'hui une fête populaire 

Le Mouled étant bien installé dans les traditions en tant qu'occasion de fête populaire, il ne s’agit plus de l’abandonner ni de nier l’attachement des gens à ses manifestations, qu'elles soient officiellement spirituelles ou purement et réellement profanes. Il importe toutefois d'avoir la lucidité de reconnaître que c’est un attachement plutôt festif que religieux, à peine spirituel.

Sociologiquement parlant, c’est même tout le folklore culinaire qui accompagne le Mouled, comme la plupart sinon toutes les fêtes musulmanes d’ailleurs, qui est probablement derrière sa pérennité

Assurément, une telle approche permet de jeter un éclairage original sur la vitalité de l’islam dans les cœurs, une vitalité nourrie par le côté éminent de cette religion en tant que communion émotionnelle dans l’humanité et la convivialité et comme culture des sentiments d’amour et d’amitié plutôt que cette haine, exclusion et rejet d’autrui qui vicient la foi de nombre de nos prétendus musulmans.

Aussi importe-t-il de retirer l'instrumentalisation politique qu'on en fait au niveau institutionnel pour qu'elle soit véritablement islamique, la religion étant une affaire privative, devant être cantonnée à la sphère privée de la vie citoyenne sans nulle immixtion de la sphère publique.


Publié sur Huff Post